LES BIOHACKERS, CES PUNKS DE L’ADN.
Qu’est-ce que le biohacking ? Pour faire simple, c’est la biotechnologie - joyeux mariage entre la biologie et les nouvelles technologies - mais faite par des punks, sans aucune autorisation et dans un garage.
Une des convictions des biohackers est que le grand public doit être partie prenante des expérimentations scientifiques, notamment celles liées au corps, plutôt que d’être laissées aux laboratoires officiels et compagnies privées.
Le cas Josiah Zayner et la méthode Crispr-Cas9:
Pour comprendre le cœur du biohacking, il est nécessaire de se pencher sur le travail de Josiah Zayner.
Zayner est un docteur en biophysique moléculaire de l’Université de Chicago qui a notamment travaillé à la NASA.
En 2016, il lance une campagne de crowfunding pour financer sa start-up Odin et son projet de kit DIY du biohacking.
Ce kit permet d’expérimenter avec la méthode Crispr-Cas9 (appelée « les ciseaux de l’ADN ») la modification des gènes à un endroit précis du chromosome.
Pour seulement 300$, vous trouverez sur Odin de quoi rendre votre bière fluorescente et quelques outils pour modifier l’ADN de grenouilles.
Bien sûr, votre achat ne fera pas plaisir à la FDA, (Food and Drug Administration – agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux) qui rappelle que toute utilisation de CRISPR sur l'humain doit faire l'objet d'une approbation et que la vente de ces kits est illégale.
Pour vous rendre sur le site d’Odin et vexer la FDA, c’est par ➡️ là :
Pour mieux comprendre la méthode Crispr-Cas9, c’est par ➡️ ici :
Quand la mort de Aaron Traywick devient politique :
Dans le collimateur de la FDA, se trouve aussi la start-up Ascendance Biomedical spécialisée en recherche biologique.
Fondée en 2017 par Aaron Traywick, Ascendance Biomedical est connue pour ces expérimentations réalisées par des hackers de la biologie. Le CEO lui-même s’est injecté un traitement expérimental contre l’herpès, quand un de ces collègues s’est injecté un traitement expérimental contre le VIH.
Oui, c’est là que l’expression « Do It Yourself » prend tout son sens.
En avril 2018, Aaron Traywick a été retrouvé mort dans un caisson d’isolation sensorielle. Bien que sa mort soit certainement liée à une overdose de kétamine, plusieurs hypothèses ont été émises. Certains disent qu’il est mort suite à son injection, d’autres pensent que les recherches de Traywick auraient dérangé l’industrie pharmaceutique.
Entre théorie de conspiration et remise en cause des méthodes du biohacking, la mort de Traywick devient politique, le biohacking ne laisse personne indifférent.
Si Zayner et Traywick sont jugés par certains biohackers comme des outsiders du biohacking, il est important de noter que Zayner lui-même, considérait Traywick comme un personnage plutôt douteux.
Ce qui est révélateur de deux choses :
La diversité du mouvement de biohacking.
Le biohacking est vraiment un délire de punk. Bien qu’ils viennent tous de la même scène, chacun se revendique comme unique représentant du mouvement. Un nouveau Johnny Rotten VS Joe Strummer.
Tim Cannon, le 1er cyborg :
Tim Cannon est ce qu’on appelle dans le milieu du biohacking un grinder.
Il est le CIO (Chief Information Officer) de Grindhouse Wetware, start-up spécialisée en technologie permettant d’augmenter les capacités du corps humains.
Les grinders souhaitent modifier leurs corps en y implantant directement des appareils électroniques, de la puce à la LED. Les grinders, comme les transhumanistes tentent d’améliorer le corps humain pour éviter qu’il ne décline. Repousser les limites du corps pour ainsi repousser la mort.
En 2012, Cannon se fait implanter dans le doigt un aimant lui permettant d’être sensible aux différents champs magnétiques.
Il continue en 2013 avec le Circadia, une puce informatique capable de d'enregistrer et de transmettre ses données biométriques. Cette « puce » est pourtant de la taille d’un paquet de cigarette…
Dernier en date : Northstar en 2015, implant contenant 5 LEDs qui s’allument au contact d’un aimant. Cet outil de la taille d’une pièce de 2€ n’a pour l’instant qu’un but purement esthétique (Il est notamment utilisé par la scène pour mettre en valeur des tatouages.) Mais il devrait bientôt évoluer pour analyser des données comme la pression sanguine ou la glycémie.
LE détail qui fait toute la différence : les implants sont posés par « spécialistes » de la scène de modification corporelle. Parce qu’il est interdit à un médecin de procéder à ce genre d’opération faute au serment d’Hippocrate.)
Pour en savoir plus sur le travail de Tim Cannon, vous pouvez jeter un œil ➡️ ici :
Et en France ?
En France, depuis 2011, existe le laboratoire La Paillasse, qui se décrit comme « […] un laboratoire de recherche interdisciplinaire offrant sans discrimination d'âge, de diplôme ou de revenu, le cadre technique, juridique et éthique nécessaire à la mise en œuvre de projets collaboratifs et open-source. »
Comme ils l’indiquent sur leur site, ce projet naît en 2009 dans un squat de banlieue parisienne. Oui un squat. Plus punk que ça, c’est impossible.
Mais l’éthique dans tout ça?
Que l’on soit pour ou contre le biohacking, la délicate question de l’éthique se pose. Est-il plus éthique de travailler sur la biotechnologie dans un laboratoire privé ou d’être un biohacker dans son garage ?
Le biohacking ou l’intelligence artificielle?
Ady Robertson dans son article “I hacked my body for a future that never came” soulève une question essentielle. L'IA (Intelligence Artificielle) prendrait elle le pas sur la biotechnologie? Ces dernières années, l’intérêt pour la biohacking a nettement diminué. Pourquoi modifier de manière permanente son corps, avec tous les risques que cela comporte, lorsque des machines peuvent faire le job?
“The next decade’s human enhancements will probably be wearable, not surgical.”
Mais rassurez-vous, Elon Musk, comme à son habitude, est sur le coup avec Neuralink.
Grâce à cette start-up, il souhaite fusionner le cerveau et la machine via un implant cérébral.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, Musk redoute les avancées toujours plus importantes de l’IA. En augmentant les capacités de l’humain, son voeux est de garder le contrôle sur la “super-intelligence”.
Dans un premier temps, cette puce permettrait de traiter des maladies neurologiques, mais à terme elle pourrait améliorer les humains.
Avec l’autorisation de la FDA, Neuralink pourrait commencer fin 2020 des tests sur les humains.
Comme dirait l’autre, le futur c’est maintenant.
Si Neuralink vous intéresse, c’est ➡️ ici